Ismaël, fils ainé et aimé d'Abraham

Publié le par Arié

On converse mieux avec Dieu dans le désert
 desertarabia-1.jpg

Pour comprendre un peu mieux l’Islam et l’usage qui en est fait dans certains lieux et par certaines gens, il est utile de revenir aux sources et relire les passages de la Genèse, enrichi par les Commentateurs, qui traitent d’Ismaël. Au passage, vous avez certainement noté la ressemblance phonétique entre ISLaM et ISMaëL alors que les deux mots n'ont pas la même signification: Islam en arabe renvoie sur "soumission" et Ismaël en hébreu et en arabe aussi, je crois, signifie "Dieu entendra"
 
Ismaël, fils aîné d’Abraham, est un des personnages bibliques qui me fascine le plus… au point de lui avoir consacré un Essai. Bien que ses descendants et moi ne fassions pas partie du même club, j’ai la plus grande admiration pour cet ancêtre de l’Islam donc de Mahomet. Ismaël est - comme on dit en Yiddish - un sacré mensh,  et certainement le premier grand aventurier de l’histoire, mais aussi le premier Real Politicien, selon l’expression d’Henri Kissinger. Il dessine politiquement l’Orient, celui que nous connaissons aujourd’hui, à travers ses fils et ses frères. Eh oui, les contours du Proche et Moyen Orient, tracés par les descendants de Noé et complétés par Ismaël et sa fratrie, ressemblent singulièrement aux frontières que nous connaissons.  

« On n’est jamais aussi bien cité que par soi même » Je ne vais pas faillir à cette maxime que je viens juste d’inventer. Aussi je citerai un passage d’ »Ismaël et ses frères » page 90 qui traite précisément…. d’Ismaël.
 
         [Nous savons beaucoup de choses sur Ismaël. Un personnage complexe, à la fois violent et mystique. Violent de part  la vie rude et humiliante qu’il dut mener à cause de son statut de fils de ser­vante. Mystique grâce à l’enseignement prodigué par son père mais aussi grâce à son penchant pour le désert, les lieux inhabités, où il se sent plus près de la nature et de Dieu. C’est un homme des grands espaces: déserts d’Arabie, mais aussi Pampa, Toundra, Far West…
Sa force lui vient de l’amour de ses parents. L’amour d’Abraham d’abord. Le texte abonde en témoignages d’amour de la part de son père, qui non seulement l’aime, mais aussi l’estime, retrou­vant dans ce fils sauvage et guerrier un aspect non négligeable de son caractère. Abraham lui aussi mena des guerres, tua des enne­mis, rusa et fut un baroudeur. A noter que Isaac, par contre, qui naquit avec une cuillère d’or dans la bouche et passa beaucoup de temps sous la tente à méditer et à étudier, n’avait pas vraiment un profil de guerrier. Cet amour est partagé. Ismaël adore son père. Il cherchera toute sa vie à lui plaire. A l’enterrement d’Abraham, seuls deux fils se prosternèrent sur sa tombe : Isaac et Ismaël. Agar aime son fils parce qu’il est sien, qu’il est le fils d’un grand homme, parce qu’elle en est fière : n’est-il pas promis à un immense destin ? Elle craint constamment pour sa vie, et aura sacrifié la sienne afin que le destin d’Ismaël s’accomplisse. Agar, malgré son ascendance égyptienne, nous fait penser à ces mères ashkénazes qui aiment leurs enfants à les étouffer. Il ne sera ni médecin, ni avocat, Son choix se porte sur « Saint-Cyr ». Ce n’est pas forcément pour déplaire à ses parents. Le métier des armes, surtout à cette époque, est payant, surtout si on ne manifeste pas trop de scrupules sur le choix des moyens vis-à-vis de ses ennemis, qui seront légion. « La main de tous contre lui ». Mais il sera aussi un politique. Il mettra au point - nous le verrons plus loin - un projet de répartition du Moyen-Orient, du Nil à l’Euphrate, entre ses douze fils. Fort de la promesse divine de devenir une grande nation, il n’aura de cesse, lui-même ou par progéniture interposée, de dessiner la carte de ses possessions. Homme de pouvoir, réal politicien, dictateur cruel, général d’armées, il sera un maître archet. Il sera un monothéiste convaincu. Mais sa croyance en un Dieu unique est faite de soumission aveugle, empreinte de fatalité. Dieu voit et sait tout, Il décide dans Sa grande sagesse du destin des hommes. Il n’y a rien à faire contre sa volonté. Tout est écrit. Méktoub. Le libre-arbitre n’existe pas. Le dialogue avec Dieu est impossible. Cette croyance faite de désespoir et de soumission aveugle est aux antipodes du Judaïsme.]
 
Ce qui me frappe le plus chez Ismaël c’est le côté tragique du personnage et sa profonde solitude. A ce titre, il est très proche de Mahomet, son descendant. Deux destins exceptionnels de deux grands hommes qui ont une revanche à prendre. Quelle revanche et contre qui ? Là est la question.
 
 
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article