Rolex, Falcon, et belle pépé

J’avais un copain en première année de fac, à Paris. Il s’appelait Gérard L. et arrivait tout droit de son Algérie natale. C’était l’époque où Eddy Constantine fredonnait un super tube qui s’intitulait "Cigarette,  Whisky et petite pépé, c’est ça la vie et on a raison de les aimer". Gérard était fasciné par le beau et le cher. Il avait en plus un formidable appétit de vivre. Les pépés doivent sentir ça, car il emballait tout ce qui passait.  Il était pressé de faire de l’argent pour s’offrir et offrir des RrrrrrOléx, comme, il avait l’habitude de dire. On l’adorait tous. Il m’a fait découvrir le couscous et Enrico Macias. Vous voyez, ça ne date pas d’hier. Gérard a fait de l’argent et puis, il a mal fini : il a ait téchouva, et aujourd’hui il, vit à Bnei Brak.

C’est pour dire que "Rolex, Falcon et belle pépé", pour plagier un peu la chanson d’Eddy Constantine, ça ne date pas d’aujourd’hui. Ca  a toujours existé, sous des formes différentes. Mais, Gérard n’a jamais eu l’ambition de devenir Président de la République. Quoique, Avec sa tchach il y serait peut-être arrivé.

Que Sarkozy porte une Rolex Daytona, je trouve ça très bien ; c’est encore ce qui se fait de mieux. Qu’il drague de belles pépés, c’est de son âge, et comme dit sa mère, là où est, il n’a que l’embarras du choix, qu’il tape les copains, un voyage en Falcon privé par ci, une virée en yacht par là, ça ne me pose pas trop de problèmes ; les amis c’est fait pour ça, même les amis riches. Mais ce qui me défrise, c’est que le roi de Jordanie lui envoie son jet privé, pour un aller retour à Aqaba, et qu’il se fasse héberger par les Sheiks du Golf. 

Comment peut-on rester crédible auprès d’Abdallah II, alors qu’on voyage à ses frais, et plus généralement, auprès de tous les chefs d’Etat de la planète ?

Aujourd’hui  Sarkozy et Abdallah semblent  être copains, mais si un jour, notre Président a envie de lui dire M. en face, va-t-il de nouveau lui demander de lui envoyer son jet privé ?

Je sais bien que la France a des fins de mois difficiles, je sais que Sarkozy est soucieux des deniers de l’Etat, mais quand même, en grattant, on peut encore financer ses voyages, même avec son égérie du moment. On paye des impôts pour ça.  

Monsieur le Président, je vous en conjure, faites financer vos voyages par le fruit de notre labeur. Nous serons tous gagnants à terme. Il en va de l’Indépendance et de la fierté  de la France.