Amos Oz : "Sionistes de tous les pays, apprenez l'hébreu"

D'abord, il a une belle gueule, franche et intelligente. Ensuite, il habite à Arad; une petite ville perdue SOF HAOLAM SMOLA, soit fin du monde à gauche. La dernière fois où j'y suis passé, pour apercevoir précisément sa maison, je n'ai vu que des Shikounim, HLM, habités par des juifs d'Ethiopie. Mais il y a le désert du Néguev tout autour, magnifique en toutes saisons. Et puis, s’il a décidé de s’installer à Arad, alors qu’il pourrait s’offrir une superbe maison partout ailleurs en Israël, il doit avoir de bonnes raisons.
Mais ce que j'apprécie avant tout chez Amos Oz, c'est sa façon d'utiliser l'hébreu, tant en le parlant qu'en l'écrivant, et de s'en faire l'ambassadeur.
Dans une interview accordée à Tribune Juive, il dit : "Si je devais envoyer un seul message aux juifs de la Diaspora, je leur dirais : apprenez l’hébreu, il n’y a pas de meilleure clé pour nous comprendre. Ce n’est pas la religion qui nous unira car beaucoup d’entre nous ne sont pas religieux. La nationalité non plus car nos passeports sont différents. Seule une langue commune nous rattachera à la même culture… Sionistes de tous les pays, apprenez l’hébreu !"
Je trouve son message essentiel, surtout par les temps qui courent. Non pas à cause de dangers hypothétiques qui menaceraient les juifs de Galout ou les Israéliens. Il ne s’agit pas de peur, il s’agit d’être en phase. Or le déphasage et l’incompréhension entre le Diaspora et Israël vont en grandissant. A l’ouest une société de plus en plus frileuse qui se ghettoïse autour de ses rabbins ou de ses institutions, à l’est un Etat qui réinvente ses normes, sa culture et sa langue tous les jours. J’en veux pour preuve la difficulté des juifs de France à rentrer dans les films israéliens. C’est symptomatique de l’écart des cultures et de l’impossibilité de voir Israël tel qu’il est et non tel qu’on aimerait qu’il le soit. Cela se solde souvent par des échecs lors de l’Allyah ou des déceptions lors de séjours en Israël, qui n’ont pas de raison d’être, si on connait la langue et la règle du jeu qui va avec.
La maitrise de l’hébreu, que l’on habite ou n’habite pas en Israël, serait un formidable facteur de cohésion non seulement entre Israël et la Diaspora mais dans la Diaspora. Jadis lorsqu’un Juif de Pologne voyageait en Galicie, il savait qu’avec le Yiddish, il serait compris par les autres juifs. Aujourd’hui s’il va aux Etats-Unis, il doit parler anglais. La honte.
On se plaint des média français, franchouillards, partisans et pro-arabes. Mais de nos jours on peut regarder les chaines israéliennes sur les Télés câblées ou sur Internet. L’information qui passe par le biais d’un site ou d'un média conçu pour les juifs de Galout n’a pas la même densité et la même saveur que l’information diffusée par une chaine israélienne.
Alors, juifs de tous les pays, suivez le conseil d'Amos Oz, réunissez vous autour de votre langue ; vous ne serez pas déçus et vous serez plus forts.