Sarkozy et Dieu
En homme qui court après son destin, et une fois atteint, se rend compte du vide qu'il y a derrière, Sarkozy, comme bon nombre d'entre nous, prend conscience de la nécessité de donner un sens à sa vie.
Le bling bling n'est que la poudre aux yeux et semble cacher une véritable angoisse existentielle. L'homme Sarkozy sait bien qu'on ne peut pas porter plus de deux Rolex, une à chaque poignet, qu'un jet privé ne peut vous transporter qu'à un endroit à la fois, que les hommes comme les femmes, comme les sondages sont volages, et alors que reste t-il ? Un immense néant qui produit frustration et angoisse. Alors on se tourne vers soi et on n'y trouve pas grand chose, si ce n'est un fil très mince qui vous relie à quelque chose qui se trouve bien au delà de soi.
Sarkozy, en homme qui aime parler de lui, a évoqué, contrairement à ses prédécesseurs, à moult reprises son attachement au " religieux ".
Après son élection, il a été question d'une Retraite à vocation spirituelle - ça s'est passé autrement, et c'est bien dommage -, ses proches conseillers sont des catholiques convaincus, ses tentatives pour réformer le sacro saint principe de la laïcité en France ne lui ont attiré que des foudres , son initiative pour pérenniser la Shoah était remplie de bonnes intentions, même, si maladroite par la forme, ses propos sur la consommation de biens terrestres qui ne remplacera pas la recherche d'un sens à la vie, ne s'explique pas seulement par le fait que « les caisses de l'Etat sont vides ». Seulement, voilà, c'est tombé à plat, et c'est bien dommage, parce que l'accent de sincérité qui l'anime est bien réel.
La démarche de Sarkozy s'inscrit dans un courant qu' a fort bien diagnostiqué un psychanalyste du nom de Frankl, contestataire des doctrines freudiennes et inventeur de la logothérapie , qui dit en somme que tout individu est à la recherche d’une dimension spirituelle, d'un sens à donner à sa vie et à ses actes, et s'il n'en trouve aucun il est mal.
L'homme juif dispose, lui, de tout un panel d'outils qui lui permettent, théoriquement, de renforcer le fil qui le lie à la transcendance, que l'on pourrait appeler le Nom, l'Infini (éin sof) ou pour faire simple D.
Certains acquièrent un fil rouge qu’ils attachent au poignet, d'autres dévorent des pages de Guémara (Talmud), d'autres s'appliquent à accomplir scrupuleusement les 613 Mitsvots (Commandements). Les moyens ne manquent pas, seulement voilà, Sarkozy n'est pas juif, n’a pas choisi de le devenir, et la boite à outils ne s'acquiert pas dans le commerce.
Mais Cécilia, me direz vous, a bien franchi le pas en se mariant – religieusement à ce que l'on dit - avec un Juif. OK, ça la regarde. Nous ne connaissons pas ses motivations. ll n'empêche que la boite à outils est désormais à sa disposition, gratis.
Je connais mal la boite à outils dont disposent les chrétiens, mais il doit bien en exister une. Si Sarkozy peut grâce à elle donner un sens à sa vie de Président ou à la vie tout court, tant mieux. Nous serons tous gagnants. "Tous" signifie que lorsque Sarkozy deviendra le Big Boss de l'Union européenne, ce qui ne saurait tarder, alors l'Europe, donc le Monde entier sera concerné par la quête de sens d'un seul homme.
Avouez que les voies divines sont pleines de surprises. Le Président le plus imprévisible d'un Etat européen va prendre les rennes du principal conglomérat de nations de la planète. Où allons-nous ? Et bien nous allons là où la Transcendance a décidé de nous mener.
Vous savez que lorsqu'un juif aperçoit un chef d'Etat ou un grand chef spirituel d'une autre nation, il est est tenu de faire une bénédiction en remerciant D. d' avoir accordé, ne serait ce qu'une minuscule partie de son pouvoir ou de sa sagesse à un être fait de chair et de sang. La prochaine fois que l'un d'entre vous aura le privilège d'être en présence du Président de la République, qu'il prononce cette bénédiction, qui figure dans tous les bons manuels de prières. Et alors, peut-être que la bénédiction sera agréée, et la quête de sens de notre Président ira dans la bonne voie.