Quelquefois les rabbins feraient mieux de se taire

Publié le par Arié

Rav Dov Lior qui est le président de Vaad rabbanei Yésha, que l'on pourrait traduire par l'Assemblée  des rabbins de Judée et Samarie a sorti un Psak Halakha. Avant de voir en quoi il consiste, il est bon de comprendre ce qu'est un Psak Halakha et quelles sont ses répercussions et conséquences.

Un Psak est une injonction rabbinique, sans appel, d'accomplir la Loi juive de telle façon dans un domaine précis. Il est fixé par une Autorité rabbinique incontestée par tous ceux qui se réclament de cette même Autorité. L'accomplissement de cette décision rabbinique par un individu le ferait bénéficier de la bénédiction divine (Birkat Hachém) et sa transgression lui attire les foudres d'en haut.  Ceux qui considèrent que cette décision a une valeur (presque) égale à une Loi divine sont tenus de la respecter et de la mettre en œuvre.
Le Rav Lior et cinq autres cosignataires ont décrété que tous ceux qui font parvenir des armes aux arabes ou qui en  facilitent la transaction doivent être considérés comme "des verseurs de sang  et collaborateurs avec l'ennemi" ( traduction littérale).

Jusque là rien que de très banal. On se demande même pourquoi des rabbins aussi prestigieux et aussi occupés éprouvent la nécessité d'établir un psak sur un sujet qui est de l'ordre du bon sens. La collaboration avec l'ennemi a de tous temps et en toutes circonstances été considérée comme une faute lourde, souvent passible de la peine de mort. Et, à fortiori, fournir des armes à l'ennemi pour mieux nous exterminer est une pure ignominie.
Le Rav Lior fait référence dans cette décision rabbinique à la livraison de 25 véhicules militaires par les russes aux troupes d'Abu Mazen, avec l'accord des Autorités israéliennes.

Petite précision: Tsahal s'est démené pour que ces véhicules soient débarrassés des fusils mitrailleurs qui les équipent, les rendant aussi inoffensives qu'une Mercedes. Mais il est exact qu'on peut toujours    installer des nouvelles mitrailleuses.
En fait Rav Lior se réfère dans ce cas précis à une décision politique et non à des cas individuels de vente d'armes par des particuliers au Hamas ou à toute autre organisation terroriste. Et il continue: tout individu qui est en mesure d'empêcher que ces armes arrivent aux mains de l'ennemi, est tenu de la faire, quitte à désobéir aux ordres qui lui sont donnés par ses supérieurs.

Et il ajoute cette phrase terrible Be Kol Derekh Chéi בכל דרך שהיא quels qu'en soient les moyens ou par tous les moyens.

C'est une phrase terrible parce qu'elle laisse le libre choix, à toute personne en mesure d'empêcher la livraison d'armes à l'ennemi, d'utiliser les moyens qu'il jugera nécessaires, et pourquoi pas, à D. ne plaise, les plus définitifs et expéditifs.

Des assassins qui ont pris au pied de la lettre certaines injonctions rabbiniques ne manquent pas dans notre Histoire, y compris la plus récente. Voir le meurtre d’Itshak Rabbin.
Le public israélien à qui ces commandements rabbiniques sont adressés ne comprend pas - se référer aux réactions des lecteurs à cet article paru dans Yediot Ahronot - ou bien le Rav Lior et ses collègues cosignataires disent des choses qui tombent sous le sens, et dans ce cas pourquoi un psak halakha de nature quasi divine, ou bien c'est une incitation à la désobéissance, et plus grave encore, à tout moyen susceptible d’empêcher cette livraison d’armes.

Dans les deux cas de figure, ils auraient mieux fait de se taire


Publié dans Les Israéliens

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