Des amis comme Sarkozy, on les laisse à nos ennemis
Etant à l'Etranger, je n'ai pas trop suivi la visite de Sarkozy en Israël et en "Palestine". Le peu que j'ai glané de ci, de là, m'a suffit pour considérer qu'il n'y avait pas trop de quoi s'en réjouir , malgré l'enthousiasme délirant d'un grand nombre de députés qui l'ont reçu comme le messie réincarné. Il est vrai que Sarkozy n'a pas tari d'éloges sur Israël, semant des pétales de roses sur son passage, comme il sait si bien le faire. Après nous avoir fait humer la carotte, il a sorti son gourdin, pour annoncer tout de go qu'il fallait diviser la Capitale d'Israël en deux; la moitié revenant aux Palestiniens. Je passe sur les sempiternelles rengaines du genre: arrêt des colonisations, indemnisation des palestiniens expulsés, et Etat palestinien à créer de toute urgence. Sur ces points, Il n'a fait fait que reprendre un discours mille fois rabâché.
Le Président de l'Etat français est donc invité à la Knesset, qui, si j'ai bonne mémoire, se situe à Jérusalem pour annoncer aux parlementaires qui y siègent, élus par les citoyens israéliens, que la partie de Jérusalem située à un jet de pierre de l'endroit où il prononce son discours, ne leur appartiendra plus. Cela prouve, outre un manque de tact et de savoir vivre, une méconnaissance totale de la signification de Jérusalem pour les juifs et l'absence de signification de Jérusalem pour les arabes - malgré un discours dévoyé depuis peu de temps par les dirigeants arabes sur la symbolique théologique de El Quds dans l'Islam -; rappelons une fois de plus que Jérusalem n'est pas citée dans le Coran.
Pour éclairer la lanterne de notre président, citons, non pas un prophète biblique, par définition engagé, mais le bon Lamartine qui, dans son "Voyage en Orient", en 1835, nous dit: "Nous fumes assis tout le jour en face des portes principales de Jérusalem…… Nous ne vîmes rien, nous n’entendîmes rien ; le même vide, le même silence à l’entrée d’une ville de 30 000 âmes, pendant les douze heures du jour, que si nous eussions passé devant les portes mortes de Pompée ou Herculanum. 1835, El Quds, ville fantôme! Et c'est cette même ville, Jérusalem, rebatie par les juifs, que nous devons rendre aujourd'hui à ceux qui ne s'en sont jamais préoccupé.
Par contre, il convient de noter l'exultation du Fatah et du Hamas au discours de Sarkozy. Il les a mis dans sa poche, et conquis par là même, tous les pays arabes qui viendront assister à la conférence de Paris, destinée à débattre du sort de la Méditerranée et de ses riverains.
Il est exact que j'ai commis une erreur de diagnostic dans mon dernier article, où je supposais que Sarkozy, courtisant les Etats arabes qui participeront à la conférence, repousserait son voyage en Israël aux calandes arabes. Il a fait beaucoup mieux et plus culotté: il est venu dire aux israéliens ce que veulent entendre les arabes, et bien sûr, les inconditionnels partis d' extrême gauche israéliens, trop heureux d'entendre leur proppre discours dans la bouche de Nicolas. Bref une habile manœuvre pour faire avancer son projet d'Union méditerranéenne.
Quand le Fatah, le Hamas et Assad, le fossoyeur du Liban, applaudissent au discours de Sarkozy, je ne peux m'empêcher de le trouver désastreux. J'ai ouï dire toutefois que certaines personnalités israéliennes, ne se sont pas privé d'expliquer, en privé et toute amitié, à Sarkozy que Jérusalem n'était pas négociable. Et puis, consolation de dernière heure, Chirac boudera le défilé du 14 Juillet.
Un véritable ami ne vous dira jamais de quitter votre maison, et à fortiori d'abadonner un rêve et une réalité trois fois millénaire. Donc, les amis de mes ennemis, ne sont pas mes amis; alors je le leur laisse.