Le Envahisseurs contre les Manucurés

Publié le par Arié

Dix sept ans ont passé depuis l'implosion de l'Union Soviètique, 17 ans d'humiliations, 17 ans à ruminer et préparer sa revanche. Dix sept ans et pas une année de plus. Il faut dire que la conjoncture est rudement favorable : un Président américain à bout de souffle et en fin de course, une Amérique affaiblie économiquement, des Européens divisés et impotents, qui menacent, mais n'ont pas les moyens, ni la volonté, de mettre leurs menaces à exécution; l'occasion rêvée pour la Russie de reconquérir sa grandeur perdue. Alors, un Amiral russe ne se prive pas de déclarer qu'il lui suffit de 20 minutes pour envoyer par le fond toute l'Armada occidentale qui fait joujou dans la mer Noire, et Lavrov, le Ministre des Affaires étrangères russe, se moque des possibles sanctions européennes et évoque "l'imagination maladive de Kouchner". Ce n'est même pas du culot, c'est la vérité, mais tout de même, c'est dur à entendre. Et puis, la menace suprême tombe: Si vous, Européens et Américains, ne cessez pas vos pitreries, et continuez à soutenir des Démocraties croupion, Républiques faisant partie de l'ex l'Union Soviètique, à qui , by the way, vous n'avez même pas accordé la protection de l'OTAN , on vous coupe le pétrole, et le gaz, par la même occasion. Tout, mais pas ça !

Les Occidentaux vont bien entendu se plier et même se replier. En hébreu on dit: Léhitkapél qui traduit plus avec plus de précision cette attitude. Le verbe signifie aussi bien "faire marche arrière" mais aussi "se faire tout petit", comme un drap que l'on peut plier et replier jusqu'à ce qu'il occupe un volume minuscule.

Et tout ça pourquoi ? Pour une raison fort simple: le combat n'est pas à armes égales. D'un côté les Barbares, impérialistes depuis la nuit des temps, qui n'ont jamais supporté que l'on rogne, ne serait-ce qu'une infime partie de leur immense territoire, mais qui ont toujours été partants pour s'approprier la terre du voisin. Des Barbares qui volent, pillent et confisquent, sans vergogne et sans pitié, comme cela se faisait au temps d'Ivan le Terrible. La recette fut bonne jadis, elle continua à se révéler excellente sous le temps de Staline, après Yalta, elle n'a pas varié aujourd'hui. Y a pas de raison : ça marche, et puis ils ne connaissent pas autre chose. Enfin, les Russes sont mus par un moteur puissant: l'amour de la patrie, la Rodina. Et ça les Occidentaux l'ont un peu oublié. C'est quoi déjà une Patrie ?

L'Union européeene, ce conglomérat d'Etats hétéroclites, sans ciment pour les assembler, ne peut pas remplacer l'amour de la terre natale, qui est chevillée au corps du Russe et pour laquelle il se bat. L'Union Européenne et l'Amérique bushée qui menacent depuis des lustres d'exactions diverses un Iran qui rigole, sans mettre en application une seule menace lourde et douloureuse, montre aux Russes qu'ils peuvent à peu près tout se permettre, parce qu'ils n'ont absolument rien à craindre.

Si d'un côté, nous avons les Barbares impérialistes, d'un autre côté nous trouvons des manucurés au grand coeur, qui croient aux valeurs de la démocratie, à l'intégrité territoriale, à l'aide humanitaire, aux bonnes manières, au langage diplomatique. La partie n'est vraiment pas égale. Quand ces mêmes manucurés ne réalisent pas que les Russes ne lorgnent pas seulement sur le pétrole de la mer Caspienne, mais sur celui du Moyen-Orient, que leur première base avancée à Taltous, en Syrie (voir mon précédent article), n'est qu'un premier pas vers une amitié avancée avec l'Iran d'Ahmadinejad, qui pourra se solder par la main mise sur le pétrole de la Péninsule arabique, alors il y a vraiment de quoi s'inquiéter! Quand le Président Sarkozy, qui a mis le pied à l'étrier diplomatique à Bashar el Assad, a osé penser que ce dernier, pourrait écouter le chant des sirènes et se détourner de l'Iran, alors il y a lieu de se montrer vraiment inquiet par tant d'aveuglement.

J'aurais d'ailleurs un conseil à donner à notre Président: c'est de changer de Ministre d'Affaires Etrangères. Manucuré pour manucuré, je préfère encore De Villepin. Mais il ne le fera pas, car il a peur que celui ci lui ne fasse de l'ombre, or c'est bien connu, Nicolas ne s'épanouit qu'au soleil, de l'Union pour la Méditerranée, de préférence.

Alors les Russes vont poursuivre leur marche victorieuse, pour la gloire de la Rodina, vers plus de puits de pétrole, de gisements de gaz, et remettre au pas, en passant, quelques Démocraties qui n'auraient jamais dû quitter le giron de la Rodina.

Et Israël, la dedans, grand copain des Géorgiens, que devient-il ? ll semble que le temps se soit arrêté dans l'attente de l'inculpation d'Olmert et de sa succession. Un silence assourdissant règne à Jérusalem, ce qui n'est pas forcément mauvais signe. En effet, il est bien connu que lorsque la classe politique se tait et que la presse israélienne fait diversion, en s'occupant des "chiens écrasés", des choses importantes se préparent.

Objectivement Israël est en mauvaise posture, et ce n'est pas le bouclier atomique généreusement offert par Poutine à Assad qui arrange les choses. Il me semble même que la menace iranienne passe au second plan, devant la nouvelle donne géopolitique. Ma seule consolation est que les israéliens ne font pas partie du clan des manucurés, sans pour autant appartenir à celui des Barbares. J'aime à croire qu'ils sont plus réalistes que les Occidentaux, car en Israël, les Russes, on connaît bien ! Je ne parle pas, bien entendu, des anciens ressortissants russes qui ont choisi de vivre en Israël, mais de la sainte Russie qui a fourni à Israël ses meilleurs cadres et politiques. Cette connaissance intime qu'ont les Israéliens de la Russie, et des Arabes, les différencie des Occidentaux naïfs et suicidaires, et constitue le meilleur atout d'Israël en ces temps troubles.

Publié dans Les Russes

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