Gaza, un camp de concentration, comme l'affirment Le Pen et Martino ?
Gaza est-il un camp de concentration, ou plus exactement un "lager", selon le terme utilisé par le cardinal Martino ?
Le mot "lager" vient de l'allemand "lagern" qui signifie stocker. Il s'applique généralement à un système de fermentation de bière; la fermentation basse est suivie d'une phase de stockage qui permet d'obtenir, je vous passe les détails, une excellente bière blonde. Le stockage qui s'applique à la bière peut également s'appliquer aux hommes" et c'est pour cela que le mot lager désigne ce que l'on a coutume d'appeler un camp de stockage, pardon , un camp de concentration. Avouez que "ager " est plus court, plus expéditif et plus parlant que "camp de concentration".
Il semble, d'après ce que j'ai lu, que le cardinal Renato Martino, président du Conseil du Vatican pour la justice et la paix- fermez le ban - a qualifié mercredi la bande de Gaza , assiégée par l'armée israélienne , de lager et non de camp de concentration, comme il est repris par la presse française. En cela il a devancé d'une journée Jean Marie le Pen, qui a avancé la même équation : Gaza = Lager.
Qui a soufflé à qui, je l'ignore, mais le cardinal a été "prerm "; c'est incontestable.
Ces déclarations posent un problème de logique. En effet, il est bien connu, Le Pen conteste la Shoah. Il devrait, pour être logique avec lui même, nier également l'existence des camps de concentration. Il est bien écrit sur le fronton du camp de stockage d’Auschwitz : "Arbeiten macht frei- le travail rend libre". Par conséquent, Auschwitz est un camp de travail et non un camp de concentration. Où et par qui, a t-il entendu parler de lager, puisque, pour lui, ça n’a jamais existé. Ou alors le mot camp de concentration a t-il été inventé pour la circonstance uniquement pour désigner Gaza ?
Le Cardinal Martino, à l'instar de son patron, le pape actuel, doit vénérer comme il se doit le non regretté Pie XII, le futur béatifié. Vous savez, le Pape qui n'a jamais rien vu, rien entendu et rien dit pendant la Shoah. Si Pie XII en personne ne connaissait pas l'existence des camps, lager et chambres à gaz, qui a bien pu souffler au cardinal Martino ce vocable, qui d'après lui, s'applique à Gaza ? Qui a bien pu lui apprendre l'existence du mot camp de concentration, puisque Pie XII lui même n'était pas au courant ?
Ces choses là sont rudes, mais un fait demeure, têtu comme la mémoire : à un jour d'intervalle le cardinal Martino et Le Pen comparent Gaza à un immense camp de concentration. Ces affirmations ou interrogations bien appuyées soulèvent quelques questions.
La première : qu'est ce qui différencie Gaza d'un lager hitlérien ?
- Gaza possède un millier de tunnels qui lui permettent de s'approvisionner en munitions; Auschwitz, à ma connaissance était hermétiquement clos.
- Gaza reçoit de la nourriture, du pétrole, des médicaments et beaucoup d'argent ; Auschwitz recevait du Zyklon B pour les chambres à gaz
- Gaza élit démocratiquement ses dirigeants; au lager on n'élisait pas les kapos
- Gaza tire librement des roquettes sur tous ceux qu'il n'aime pas ; au lager on ne pouvait même pas se tirer une balle dans la tête
Je pourrais continuer à l’infini la comparaison mais ces quelques exemples sont probants.
Parlons maintenant de liberté puisqu'une des caractéristiques précisément d'un lager réside dans l'absence du droit de circulation.
A ce stade je vous livre une expérience personnelle. J'avais de bons amis qui habitaient dans un Yishouv( village) de Goush Katif à Gaza. Ce sont toujours des amis, mais comme vous le savez, ils ont été déménagés depuis. Lors d'une de mes visites dans ce Yishouv, je me souviens de gosses qui faisaient de la bicyclette à l'intérieur du Yishouv, clôturé de barbelés, hauts solides et pointus. En regardant à travers les barbelés, j'ai vu un petit palestinien qui chevauchait un âne et s’en allait tranquillement, libre comme le vent, sur un petit chemin poussiéreux. Question : qui vivait derrière des barbelés, le petit arabe ou les gosses du Yishouv ?
Quand les Israéliens habitaient dans le Goush Katif, les Azziates étaient libres de travailler dans les serres ou de sortir de la bande de Gaza et travailler dans les villes environnantes, dans l'agriculture ou la construction. Bon nombre d'entre eux, qui étaient en bons termes avec leurs employeurs, dormaient d’ailleurs en Israël, pour éviter les allers- retours quotidiens. Des industries locales - je l'ai dit dans un autre article mais j'aime autant le répéter - travaillaient avec des entreprises israéliennes. J'ai vu et vécu ces choses, comme nombre d'israéliens ; il ne s'agit pas d'ouï dires.
Les attentats perpétrés en Israël ont amené progressivement les Autorités israéliennes à contingenter la main d'œuvre azziate et faire venir des maçons roumains. Les propriétaires des serres, à Goush Katif, comme mon ami, qui avait peur de prendre un coup de couteau dans le dos, comme cela est arrivé à plusieurs reprises, ont décidé d'embaucher des thaïlandais. Mais à qui la faute ? Certainement pas aux israéliens.
Si déjà il fallait comparer Gaza à quelque chose de juif, j'utiliserai plutôt "Ghetto" que "camp de concentration". Mais un ghetto belliqueux, qui se complait dans sa situation de ghetto. Envisageons un instant que Gaza vive en paix, pourquoi diantre irait-il se transformer en Etat ? Entre 50 et 70 % de la population vit grâce aux subsides internationaux, qu’a t-elle à faire d'un Etat ; d'autant plus que ses dirigeants lui serinent tous les matins que demain, bientôt, les sionistes seront jetés à la mer et qu'il suffira de s'approprier les villas d'Hertzlia Pitoua'h qui seront laissées à l'abandon.
Pour en revenir à la déclaration du cardinal Martino, je suis assez inquiet, non pas par la déclaration en soi, mais par l'écho qu'elle peut rencontrer auprès des chrétiens, et de par la convergence que l’on voit poindre entre les thèses chrétiennes extrémistes et des thèses islamistes.
J’ai reçu il y a quelques jours un mail fort peu sympathique qui commence ainsi : « L'Etat hébreu, à la tête duquel se trouvent d'authentiques criminels de guerre, s'enfonce toujours plus dans l'aveuglement et les ténèbres ». A mi lecture, j'ai cru que son expéditeur était un islamiste convaincu, jusqu'à ce qu'il déclare être chrétien.
En décryptant le message, j'ai compris que ce qui branchait le plus l’auteur, c’était de précipiter le moment où, je cite : "les nations se lèveront et marcheront contre Israël". Genre Apocalypse, Armagedon, Gog et Magog et consorts. Ce Monsieur fait référence aux thèses classiques de la fin des temps, où toutes les nations du monde; à savoir Ismaël et Esaü,( lire l'Orient et l'Occident), se lèveront comme un seul homme pour combattre Israël. Des prémices de collusion idéologique apparaissent ça et là ; Israël n'incarne t-il pas le mal absolu auprès d'un nombre croissant d'individus à travers le monde, quelle que soit leur confession ou leur agnotis.
Quant on voit sur la Place Masséna, à Nice, après une manif qui a réuni plus de 7000 personnes, des musulmans réciter des sourates du Coran, sous le regard bienveillant des militants communistes athées, on redoute le pire. Il suffirait qu'à cette clique se joignent des "allumés" qui n'attendent que le retour de leur messie, monté sur un âne blanc, pour que tous les ingrédients de la haine soient en place.
Ces braves gens n’oublient qu'une chose , c'est que dans nos Textes il est écrit, qu'à la fin des temps, Hachém prendra les guerres d'Israël à son compte, et que, quels que soient la puissance et le nombre des Sonéi Israël, à savoir des troupes haineuses qui se mettront en marche pour annihiler l'Etat juif, ils seront défaits.
Mais les thèses messianiques ne sont pas une fatalité et les écrits ne doivent pas être pris au pied de la lettre. D'abord, parce que personne ne sait comment elles s'accompliront et, ensuite, parce qu'il n'y a pas de fatalité. La bonne volonté et l'intelligence des hommes peuvent triompher, et les temps nouveaux peuvent éclore sans "Apocalypse now". De là à prendre des paris sur l'intelligence humaine, il y a un pas que je ne franchirai pas.
Il est important, par contre, que les chrétiens, dans leur très large majorité, ne gobent pas les thèses négationnistes et haineuses développées par les extrêmes de l’échiquier politique et par des « dignitaires » de l’Eglise d’un parti pris total.