Lettre aux déçus par Israël
Pourquoi demande t-on toujours aux juifs d’être plus parfaits que les autres ?
J’ai un excellent ami qui, pour la circonstance, souhaite se faire appeler "Le Rabbin des bois" et qui m’appelle régulièrement pour m’informer - comme si je l’ignorais - d’une nouvelle ignominie qui s’est passée en Israël. Son dernier appel me faisait part d’un soi disant harcèlement sexuel de la part d’un vénérable député du Parti des Retraités sur je ne sais trop qui. Son précédent appel m’informait de plaintes qui auraient été déposées contre le Maire de Sderot qui serait poursuivi pour je ne sais quelle ignominie. Je n’ai pas cherché à en savoir plus.
En parallèle, une de mes fidèles commentatrices me fait part d’une véritable angoisse que je traduis ainsi : "les hommes politiques israéliens seraient-ils tous pourris, n’ont-ils pas tous une affaire au train et en train avec la justice". Harcèlement, délit d’initiés, détournements de fonds, prébendes, trafic d’influences….. Il est vrai que si on dressait une liste, elle serait impressionnante. Je reconnais volontiers que c’est troublant.
Mais la question que je me pose est la suivante, au risque de paraître cynique et de vous choquer : est-ce inquiétant et symptomatique de ce qui se passe dans la société israélienne ou tout simplement est-ce important ?
Ayant posé la question, je me dois de fournir non pas de fournir une réponse - je ne suis pas qualifié - mais quelques pistes de réflexion. Elles tournent autour de la presse, du pouvoir de l’argent et de la difficulté de vivre en Israël.
En premier lieu, les média israéliens et plus particulièrement les quotidiens nationaux. Pour un petit pays de rien du tout, Israël dispose d’une presse écrite d’une richesse incomparable. Celui qui n’a pas lu le Moussaf (supplément) du vendredi de MAARIV, YEDIOT ou HAARETZ, ne sait pas ce qu’est un journal. La qualité des articles, l’abondance d’éditoriaux, d’informations, la somme d’intelligences concentrée, est impressionnante. Les suppléments du week-end des quotidiens français font pâle figure à côté.
Or ces journaux sont souvent liés à de richissimes familles israéliennes qui font la pluie et le beau temps. Il faut comprendre et admettre qu’Israël n’est pas seulement dirigé par des politiciens mais aussi par quelques familles qui disposent d’argent, donc de pouvoir, donc d’influence et qui, par conséquent contribuent largement à la direction du pays. Petite indication en passant, Israël comptait en 2006, 11 milliardaires contre 14 pour la France. Faites une règle de trois en intégrant le nombre d’habitants des deux pays.
Je ne porte aucun jugement sur ce constat qu’il faut intégrer, si on veut comprendre Israël. Est-ce bien ou mal, moral ou pas moral, juste ou pas juste ? C’est ainsi !
Ce qui se passe à l’intérieur de ces familles est top secret défense...d'en parler. On ne connaît que la partie émergée de l’iceberg. Quelques états de fortune dans le magazine Forbes, quelques prises de participation dans telle ou telle société, l’acquisition d’un hôtel casino à Las Vegas… Y a-t il des scandales au sein de ces familles, je n’en sais rien. Les media qu’ils contrôlent n’en feront jamais état. Par contre les journaux ne se privent pas de se délecter des malversations pratiquées par les petits, les sans grade ou ceux qui possèdent un peu de pouvoir. Un ministre ephémère, un maire indélicat, un député de seconde zone, un rabbin qui se fait payer des services qui devraient être gratuit. Sait-on ce qui se passe à la Cour saoudienne, au Maroc et plus près de nous en France ; chez telle ou telle fortune abyssale appartenant à une famille ? Non, la presse préfère parler de Ségolène Royal qui poursuit Paris-Match en justice pour l’avoir photographiée à son insu. Idem en israël.
Alors revenons aux politiciens israéliens. De quoi s’agit-il au juste ? D’abord évacuons les fautes liées plus ou moins à la libido. Quelques pulsions par ci par là, un baiser v(i)olé. Je ne sous estime pas l’importance de ces choses. Mais comme on dit en Israël : "Proportia !!" Si c’est pathologique, laissons la médecine faire son travail, si ça ne l’est pas, que la justice tranche.
Le problème, si problème il y a, c’est que la société israélienne est fascinée par l’argent et que ses modèles sont les Milliardaires. Ces familles régnantes israéliennes constituent en Israël le pôle de référence, le modèle à suivre et suscitent l’envie consciente ou inconsciente de l’immense majorité des israéliens. Alors quelques citoyens tentent de les imiter, avec plus ou moins de bonheur et avec des méthodes plus ou moins casher.
Il peut se produire des dérapages qui ne sont pas le seul fait des hommes politiques
Parce que 
le nouveau-ancien dieu en Israël s’appelle MAMON, qui a donné naissance à MONEY .
le nouveau-ancien dieu en Israël s’appelle MAMON, qui a donné naissance à MONEY . Non, les hommes politiques israéliens ne sont pas tous pourris, bien loin de là, c’est la société israélienne qui s’est choisi de nouveaux repères et ces repères sont la jouissance immédiate. En Israël le long terme n’existe pas. C’est la journée qui commence qui compte. Sera-t-elle fructueuse ou pas ? Sera-t-on toujours vivant au coucher du soleil?
La photo d'Arbel Reich Zal, ce soldat au visage d'enfant, me tord davantage les tripes que d’apprendre que tel ou tel Maire s’est livré à des indélicatesses. Alors je dis aux déçus d’Israël et, ils sont nombreux, essayez de comprendre et surtout voyez ce qui est positif : une presse magnifique à l’échelle d’un si petit pays (peu importe qui en est le patron), des jeunes qui servent leur pays jusqu’à en mourir, une impatience de vivre, des talents de toutes parts, des gens honnêtes, des écrivains formidables et j’en oublie. Ne vous laissez pas influencer par les diarrhées médiatiques qui insistent sur le saugrenu et le spectaculaire. Il faut bien que les journaux se vendent.
On n’est pas parfaits, juste un peu plus exemplaires que les autres.