Tel-Aviv, une ville jeune, vieille de 2500 ans

Publié le par Arié


Au début du XX e siècle la population juive était concentrée dans la ville de Jaffa, mais, problème, les loyers y étaient prohibitifs. Vint alors l'idée de créer une banlieue juive en prolongement nord de  Jaffa-Yafo, ce qui fut fait en 1909. Il fallait aussi trouver un nom à cette nouvelle bourgade, et après quelques hésitations, le nom de Tel-Aviv, la colline du Printemps, remporta la palme. Les membres de cette nouvelle communauté urbaine furent ravis par l'originalité du nom qui alliait le rêve sioniste, Aviv, Printemps, et les racines du passé, symbolisé par le mot Tel, colline.

N'étant pas des grands férus du Tanakh (Ancien Testament), ils ne firent pas attention au fait que le nom de Tel Aviv n'avait rien d'original, puisqu'il désignait déjà une agglomération agricole située dans l'Irak actuel. Dans le livre d'Ezekiel chapitre 3, verset 15 il est dit en effet: "Et j'allais (moi, Ezekiel) vers les exilés de Tel Aviv, vers ceux qui demeurent près du fleuve Kévar, et là où ils étaient assis, je demeurai pendant sept jours, affligé parmi eux". Le fleuve Kévar est un des affluents de l'Euphrate, et plus probablement un canal creusé par les hommes pour irriguer les terres agricoles. Les juifs en Babel étaient en effet pour la plupart des agriculteurs et vivaient dans des petits villages comme Tel Hareshah ( la colline de la charrue) ou Tel Aviv. Le premier Tel Aviv a donc existé à l'époque de Nabuchodonosor,  vers 550 avant notre ère, soit 2500 ans avant le création du Tel Aviv que nous connaissons. Quelqu'un finit malgré tout par se rendre compte que le choix du nom manquait à la fois d'originalité et qu'en plus il désignait un village on ne peut plus galoutique, mais le pli était pris.


Ceci n'est jamais qu'une curiosité historico-sémantique. Il est beaucoup plus intéressant de se pencher sur le passage du Livre d'Ezekiel où figure Tel Aviv.

D. s'adresse à Ezékiel, effrayé, et lui ordonne de manger un rouleau de parchemin; autrement dit d'ingurgiter de la connaissance. Ezékiel s'exécute et, à sa grande surprise, digère fort bien ce rouleau. Alors D. lui enjoint de se rendre auprès des enfants d'Israël exilés en terre de Babel pour les admonester et leur demander de se repentir ( pour plus de détail reportez vous au texte). Ezekiel est emporté dans l'air et se retrouve, vous l'avez deviné, à Tel Aviv, sur le bord du fleuve Kevar, et non pas Hayarkon. Là il gît, carrément paralysé pendant sept jours, puis finit par se secouer. Il me semble interessant de remarquer au passage que Kevar en hébreu (kaf, beth, rech) signifie "déjà". Il y aurait comme un air de "déjà vu".


Le Livre d'Ezékiel est l'un des ouvrages les plus hermétiques de l'Ancien Testament. On y parle d'êtres étranges, et notre propos n'est pas d'en disserter. Il est néanmoins étonnant de constater qu'Ezekiel qui mentionne à plusieurs reprises le fleuve Kevar ne cite qu'un seul nom de lieu habité par des juifs, Tel Aviv. Il est encore plus étrange de constater que, parachuté à Tel Aviv, Ezekiel, selon l'explication de Rashi, devient paralysé de la langue, autrement dit muet pendant sept jours. Pourquoi ce traumatisme, et pourquoi précisément à Tel Aviv ? On pourrait se perdre en conjectures, évoquer les folles nuits de Tel Aviv, la ville qui ne dort jamais, selon l'expression consacrée... En vérité je n'en sais rien; chacun est libre d'apporter les explications qui lui conviennent.


La question que je me pose est: si parmi les fondateurs de Tel Aviv, au moment de choisir un nom à cette ville à naître, il y avait eu une personne qui s'était penchée sur le Livre d'Ezekiel, le choix aurait-il été le même?


Publié dans Les Israéliens

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