La France, glauque ?

Je n'aime pas trop traiter de la France. Après tout j'y vis, et j'ai la possibilité, toute théorique, d'influer sur son destin, puisque je dispose du droit de vote. Mais de quelque côté que je zappe et quel que soit le canard ou le site que je lis, j'éprouve la désagréable sensation de fouler un sol spongieux et malodorant, d'une couleur verdâtre maladive, et le seul mot qui me vient à l'esprit, c'est "glauque".

Glauque, la polémique autour de Frederic Mitterand. S'agit-il de pédérastie au sens grec du terme, d'homosexualité tolérée dans nos contrées, de pédophilie condamnable, de tourisme sexuel, pour toutes les bourses? J'avoue que je m'y perds. Ce Monsieur est-il digne d'imprimer sa trace culturelle de par ses hautes fonctions ministérielles? Faut-il l'encenser du fait de sa franchise et de son talent, le maintenir à son poste, le destituer, le jeter aux orties ? Et que dire des envolées lyriques et prudes de Marine Le Pen qui enfourche ce cheval malade pour faire son come back en politique ? En vérité, je n'ai pas d'idée arrêtée sur la question, ni voix au chapitre, d'ailleurs. Je m'interroge malgré tout sur la trace que toute cette boue laisse sur les petits enfants.

Cette seule polémique n'aurait pas justifié le titre de l'article. La nomination,  pardon, l'élection d'un gamin, fils de son père, à de hautes fonctions, tout à fait imméritées, compte tenu de ses états de service et de ses non-diplômes est carrément glauque, et la flagornerie des Ministres-courtisans qui défendent ce dossier indéfendable, pour ne pas énerver le patron, ne l'est pas moins. Le papa s'entête à caser son rejeton; ce n'est pas glauque, mais simplement stupide, car il y joue sa réélection; la chose déplaisant fortement dans ce beau pays, où, nous dit un certain Président Sarkozy: "à chacun selon ses mérites et les passes-droits ne seront plus tolérés". La marche arrière du gamin, qui en revendique la paternité, n'est pas glauque mais simplement risible.

Que dire de l'Affaire Clear-Stream, "cours d'eau clair et limpide", en anglais. Ironie sémantique, car ce cours d'eau n'est même pas glauque, il est carrément opaque. Et il est opaque pour la simple et bonne raison que ceux qui devraient être à même de dépolluer l'eau ne sont pas invités à la barre des témoins ou ne partagent pas la brochette des prévenus.

Glauques, les dépenses somptuaires de la Présidence que fait apparaître la Cour des Comptes et notamment les 250.000 euros dépensés pour le bain du Président, lors de la mise sur orbite de la très inutile Union pour la Méditerranée. La baignoire s'est avérée tout aussi inutile puisqu'elle n'a même pas servi.

Glauques, les manipulations pour interdire la Scientologie en France. Dérisoires, les malheureux 600.000 Euros d'amende que doit verser cette organisation malfaisante qui manie des milliards de dollars. Pathétique, l'argument selon lequel: autoriser son existence permet de mieux la contrôler.

Ridicules, les barrissements de Saint Pasqua, prédateur en chef de la République, depuis plus de 50 ans qui menace d'éclabousser à tour de bras tous les autres petits requins. Grotesque, la querelle des emplois fictifs reprochés à Jacques Chirac, alors que des dossiers bien plus juteux, verdissent dans des placards.
Glauques, les empoignades au Parti Socialiste, les "je démissionne, puis je ne démissionne plus" de Martine Aubry, les crépages de chignons entre ces dames, l'épisode Julien Dray, le manque de détermination des élus et des militants, et plus généralement, le suicide collectif d'un Parti politique centenaire qui a représenté l'espoir de la moitié des Français et qui aujourd'hui, fait rire l'autre moitié.

Il y a des périodes  comme ça dans la vie d'une Nation, où tout paraît glauque et maussade. De quelque côté que l'on se tourne, rien n'est porteur d'espoir. Mais il paraît que les astres sont favorable à la France, alors attendons.